Centre d’Accueil d’Evaluation et d’Orientation en santé mentale (CADEO) (69)
Description de la contribution
Porteur : Centre hospitalier du Vinatier
Les Centres Médico Psychologiques (CMP) qui devraient être le pivot et la porte d’entrée du dispositif de soins en psychiatrie ont des délais d’accueil très élevés (pour certains de plusieurs mois) et rencontrent des difficultés à se restructurer pour accueillir dans des délais raisonnables les nouvelles demandes. Compte tenu du nombre de dispositifs existants en santé mentale, le parcours de soins est illisible pour les patients comme pour les médecins généralistes. Cela entraine un retard d’accès aux soins et une perte de chance pour les personnes ayant des troubles psychiques. Leurs troubles s’aggravent, se transforment en crise ou en urgence. Ces personnes finissent par entrer dans le parcours de soins de psychiatrie par les services d’accueil des urgences dans un contexte traumatique (elles y sont souvent isolées et contenues).
Pour pallier à ces difficultés, le CH le Vinatier a mis en place un dispositif spécifique d’accueil d’évaluation et d’orientation médicalisé pour toute personne qui fait une première demande en psychiatrie ou qui est adressée par un tiers (médecin généraliste, aidant, partenaire du social ou du médico-social etc.), implanté dans la communauté c’est-à-dire hors des murs de l’hôpital. Ce dispositif intitulé CADEO est conforme à une des recommandations du rapport IGAS de 2020 sur les CMP de psychiatrie générale et leur place dans le parcours du patient.
Ce lieu dé stigmatisant, facilement repérable, représente dorénavant la principale porte d’entrée médicalisée dans la filière de soins du pôle de psychiatrie générale Centre Rive gauche qui couvre 250 000 habitants. Il propose une évaluation complète de la situation, un avis thérapeutique et oriente les patients dans le parcours de soin le plus adapté à son état en tenant compte de ses demandes.
Le CADEO reçoit chaque personne qui le demande dans un délai de quelques jours. La consultation est réalisée par un psychiatre. Elle permet aux personnes de faire le point sur leur situation et sur leurs besoins et d’être orientées vers le professionnel ou le dispositif adéquat. À l’issue, 70 % des personnes reçues vont vers le secteur libéral, les associations ou des structures spécialisées ; les 30 % restants sont suivies sur le secteur, principalement sur le Centre Médico-Psychologique.
Le CADEO doit permettre :
- de rendre lisible la porte d’entrée dans les soins pour une personne présentant des troubles mentaux
- de faciliter l’accès aux soins psychiques en réduisant les délais d’attente et de limiter les retards au diagnostic
- d’assurer un appui réactif aux professionnels de premier recours et notamment les médecins généralistes
- d’orienter le patient dans un parcours de soins conforme à ses besoins tout en prenant compte ses demandes et donc de fluidifier les parcours
- de réduire le taux d’hospitalisation en psychiatrie par le mode d’entrée des services d’accueil des urgences et donc de réduire les mesures coercitives (isolement et contention).
- de mieux coordonner les acteurs entre eux afin de décloisonner les parcours en utilisant au mieux les ressources disponibles avec une gradation des soins qui soit conforme aux besoins du patient et une priorisation des prises en charge ambulatoires dans la communauté.
Le CADEO montre toute sa pertinence et son efficacité en matière d’accès aux soins. Il permet de prendre en charge très tôt des personnes présentant des états mentaux à risque ou des troubles constitués.
D’ores et déjà, :
- près de 100 nouveaux patients sont reçus au CADEO chaque mois
- la file active de patients pris en charge en ambulatoire du pôle a augmenté de plus de 27%
- le délai de réponse moyen entre la demande et le 1er entretien est de moins de 7 jours
- 22% des patients sont adressés par leurs médecins traitants
- 60% des patients sont orientés après évaluation vers un suivi psychologique
- Les patients reçus présentent des troubles de gravités diverses dont 8% sont des maladies mentales entrant dans le champ de la schizophrénie et des troubles délirants. 37% des patients reçus ont des troubles de l’humeur, troubles qui ont fortement augmenté depuis la crise Covid.
Ce type de dispositif peut être étendu dans tous les territoires où les CMP ne répondent pas dans des délais raisonnables aux premières demandes et où des dispositifs de santé mentale coexistent.